Présentation :

La chenille processionnaire du pin (Thaumetopea pityocampa) est un insecte de l'ordre des lépidoptères, de la famille des Notodontidae, sous-famille des Thaumetopoeinae. La chenille est en fait la forme larvaire d’un papillon. Elles mesurent 4 à 5 cm et possèdent des soies ornementales et des poils urticants à rôle défensif.

 

 

Elles se rencontrent dans les régions au climat favorable à leur développement, principalement dans le Sud (Côte méditerranéenne, Corse et Côte atlantique).

Les conifères sont leurs arbres de prédilection, mais il est possible de déceler leur présence sur d’autres arbres.

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Elles y tissent des nids de soie qu’elles quittent entre janvier et juin pour s’enterrer dans le sol et se transformer en chrysalide puis en papillon.

On les appelle ainsi, car elles marchent les unes derrières les autres, reliées entre elles par un fil de soie : c’est la procession !

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Le chien, d’un naturel curieux et habitué à prendre toutes sortes d’objets dans sa gueule, est l’animal domestique le plus souvent victime des chenilles processionnaires, le chat étant par nature plus méfiant.

Les chenilles processionnaires ont peu de prédateurs. Cela se comprend aisément quand on connaît leurs moyens de défense. Quelques insectes et oiseaux se montrent par contre courageux, c’est le cas du coucou notamment ou de la mésange à huppe. 



Toxicité :

Elle est due à une protéine histamino-libératrice : la thaumatopoéine contenue dans les poils urticants qui servent d’aiguilles inoculatrices. C’est un véritable venin !
Les doses toxiques ne sont actuellement pas connues.



Circonstances des envenimations :

Elles ont le plus souvent lieu au printemps (de janvier à juin) lors de la procession.
Il s’agit en règle générale d’un contact direct avec les chenilles surtout pour les chiots qui jouent avec.
Le chien lèche ou ingère une chenille, brise alors les poils urticants qu’elle porte sur le dos, libérant ainsi la toxine, responsable de graves symptômes inflammatoires.

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Le contact peut également se faire avec des objets souillés par les chenilles, comme les exuvies (enveloppe du corps quittée lors de la mue), cocons ou les lieux de passage. Les poils urticants peuvent également être disséminés par le vent.


Symptômes de l’envenimation :

Les poils urticants des chenilles processionnaires se comportent comme de minuscules harpons qui se plantent dans les muqueuses.

Les symptômes de l’envenimation résultent de l’inoculation du venin à travers la peau ou les muqueuses de l’animal concerné.

La thaumatopoéine peut être responsable de lésions locales (au niveau de la zone de contact) mais également de symptômes généraux.

Les premiers signes apparaissent quelques minutes à quelques heures après le contact avec les soies urticantes, en règle générale il y’a toujours une très vive inflammation.

 

 

Signes locaux :

Ils sont variables selon la voie d’inoculation :

  •   • lors d’inhalation :

    •     ○ œdème de la truffe

    •     ○ rhinite

    •     ○ toux, bronchite, dyspnée (difficultés à respirer)

  •  

  •   • lors de projection oculaire :

    •     ○ conjonctivite

    •     ○ ulcères de la cornée

    •     ○ risque de cécité dans les cas extrêmes

  •  

  •   • lors de contact cutané :

    •     ○ œdème de la face et des babines

    •     ○ érythème, éruptions cutanées

    •     ○ prurit intense

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  •   • lors d’ingestion :

    •     ○ ptyalisme important (salivation)

    •     ○ difficultés à déglutir

    •     ○ œdème du larynx avec difficultés pour respirer

    •     ○ stomatite (inflammation de la muqueuse de la bouche) pouvant évoluer vers des ulcères et plus tard une nécrose.

    •     ○ glossite (inflammation de la langue) pouvant évoluer vers des ulcères et une nécrose avec une perte possible de morceaux de langue en 6 à 10 jours.

    •     ○ les mêmes lésions peuvent concerner l’œsophage ou l’estomac entraînant ainsi des vomissements

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Signes généraux :

A ces symptômes locaux peuvent s’ajouter des troubles généraux liés à une action directe de la thaumatopoéine sur les grandes fonctions de l’organisme ou découlant des lésions locales.

 

  •   • L’animal est très souvent fiévreux (hyperthermie à 40°).

 

  •   • L’œdème de la langue et du fond de gorge peut entraîner une grave détresse respiratoire.

 

  •   • Des troubles de la coagulation sont parfois notés avec apparition d’un très gros risque hémorragique.

 

  •   • L’envenimation peut provoquer une insuffisance rénale.


  •   • Enfin, un choc allergique peut se produire ainsi que des convulsions ou un coma.

 
Les diverses complications associées à l’envenimation pourront conduire dans certains cas au décès de l’animal.

 

 

Que faire ?

Si vous suspectez votre animal d’avoir touché des chenilles processionnaires, ne le manipuler pas sans porter des gants ! La toxine engendre également des lésions cutanées chez l’homme.

 

Tout frottement va augmenter la libération de thaumatopoéine, aggravant les symptômes.

Si vous ne pouvez-vous rendre rapidement chez votre vétérinaire vous pouvez essayer en premier lieu de retirer les poils urticants avec une gaze humide ou une bande adhésive de type Elastoplaste® par simple application et non par frottement.

 

Mais il faudra de toute manière l’amener le plus rapidement possible chez votre vétérinaire afin de limiter au plus vite les effets de l’envenimation.

 

Quel pronostic ?

Le pronostic vital de l’animal dépend de deux facteurs:

 

  •   • La rapidité d’intervention après l’envenimation pour lutter contre les répercussions générales: oxygénation en cas de détresse respiratoire, lutte contre l’insuffisance rénale, traitement des troubles de la coagulation...

 

  •   • La sévérité des lésions locales (qui ne peut être évaluée qu’après quelques jours). En effet, en cas de contact important avec la toxine, certains animaux perdent une grande partie de leur langue, ce qui rend toute prise alimentaire très difficile. Si la moitié de la langue tombe, l’animal est condamné puisqu’il ne peut plus boire ni manger seul.

 

 

En prévention :

La prévention contre tout contact avec les chenilles processionnaires du pin est primordiale car il n’existe pas “d’antitoxine” active contre la thaumatopoéine.

 
La prévention de l’envenimation s’effectue à plusieurs niveaux:

 

  •   • Par la destruction des œufs: durant l’été, les aiguilles porteuses de manchons d’œufs peuvent être éliminées.

 

  •   • Par la destruction des larves: dans les zones concernées, la municipalité réalise généralement un traitement annuel pour limiter la progression de ces papillons. La lutte biologique est privilégiée : une bactérie (Bacillus thuringiensis) est pulvérisée sur les arbres à la fin de l’été/au début de l’automne. Cette bactérie produit une toxine mortelle pour les premiers stades larvaires du futur papillon. Les stades larvaires suivants (L4 et L5) présents à la fin de l’automne et au début de l’hiver peuvent être éliminés par la pulvérisation de certains produits chimiques mais leur emploi doit être limité car ces molécules sont toxiques pour l’environnement.

 

  •   • Par la destruction des cocons : ils peuvent être collectés et incinérés (dans ce cas, le port d’une tenue de protection (gants, lunettes) est indispensable pour limiter les risques d’irritation par les poils urticants).

 

  •   • Par la destruction des chenilles : au début du printemps, les chenilles peuvent être piégées sur les troncs à l’aide de glu avant qu’elles ne descendent au sol et les processions de chenilles repérées au sol être détruites (toujours avec port d’une tenue de protection) mais ces dernières méthodes sont beaucoup plus fastidieuses et aléatoires.

 

  •   • Par le respect de certaines précautions: dans les zones à risque (terrains riches en résineux), durant le printemps,  la vigilance doit être accrue et les promenades des animaux doivent se faire uniquement en laisse pour éviter tout contact avec des chenilles ou les restes des mues.

    Malgré la mise en place de ces différents moyens de lutte, l’élimination totale des chenilles reste très difficile du fait de la mobilité des papillons capables de se déplacer sur des kilomètres avant de pondre et la possibilité de survie souterraine des formes enterrées pendant plusieurs années.